Tribune : Lucie Lucas, le monde d’après s’écrit aujourd’hui
Le 30/06/2020
Actrice (Clem, la série à succès diffusée par TF1) engagée pour la transition écologique, Lucie Lucas livre à Biocoop une tribune citoyenne dans laquelle beaucoup de lecteurs se reconnaîtront. Son envie d’aller vers un monde où la bio et la défense de la planète sont des valeurs cardinales, ne pouvait que nous interpeler. Retrouvez notre Série d’été dans la rubrique Actualités de Biocoop.fr pour éclairer le monde d’après à bâtir ensemble.
« La crise liée au Covid-19 est une opportunité pour libérer toutes nos inspirations. Je déplore, évidement, les gens qui meurent, ceux qui souffrent, toutes les situations difficiles engendrées par cette épidémie. Mais, paradoxalement, depuis cette crise, tout le monde s’inspire et respire mieux : la planète, les animaux sauvages, et même nous !
Cette crise me donne envie, plus que jamais, de défendre le salaire universel. C'est un outil nécessaire pour notre société contemporaine. Il n'y a pas assez de travail à plein temps pour tout un chacun. Et ce temps, nous en avons besoin pour nous reposer, nous instruire toujours, réfléchir, nous occuper de nos enfants, aligner nos vies, cultiver nos jardins, expérimenter et être solidaire. Quant au télétravail, nous constatons qu’il peut nous permettre de gagner en efficacité et en temps disponible.
Le syndrome de l’urgence, le symptôme de la mondialisation
Avec la parenthèse imposée du confinement, j'ai arrêté de me surmener. Je suis davantage ancrée dans le moment présent. Je ne passe plus mes journées à me disperser. Auparavant, même si j'essayais de faire le vide, quand j'apprenais un texte pour le cinéma ou pour la télévision, j'avais l’esprit occupé par tout ce qui me restait à organiser pour la journée, la semaine, le mois ! Tout cela dans l’urgence, comme si ma vie ou celle des autres en dépendait. Avec la mondialisation, les smartphones, Internet, etc., c’est ainsi que nous fonctionnons au quotidien.
Cette crise nous apprend à prendre le temps sans être oisif, loin de là ! C’est beaucoup de travail de s'occuper de trois enfants au quotidien et d'une ferme. Je me consacre aux tâches l’une après l’autre, et ce qui ne pourra être fait aujourd'hui le sera demain. Ce n'est pas grave, je suis détendue depuis le confinement, je ne ressens plus le stress. Un sentiment qui m'accompagnait pourtant quotidiennement.
Une société moins stressée, une société plus humble qui construit l'avenir et qui essaierait d'instaurer un équilibre pour le maintenir. Une société qui s’active d’urgence à rétablir une justice sociale en cohérence avec des valeurs humanistes. Une société qui prendrait le temps d'éduquer ses enfants, de cultiver la terre dans le respect de son patrimoine biologique, de se soigner par le repos et la nature. Voilà la société que j’ai envie de voir naître du confinement !
L’après, une opportunité pour changer nos modes de fonctionnement
Cette crise met en avant les dysfonctionnements du capitalisme et de la mondialisation. Les professionnels de la santé nous alertaient depuis longtemps, sur leurs conditions de travail et leur manque de moyens. On ne peut pas gérer un hôpital comme une entreprise à but lucratif. C’est ma conviction. Cette crise nous invite aussi à interroger notre civilisation trop globalisée. C’est à cause d’elle que le Covid-19 a pu se propager si rapidement aux quatre coins du globe, notamment par l’entremise des transports aériens.
Depuis la pandémie, l'artificialisation des sols est une problématique saillante : l’urbanisation exponentielle, le bétonnage qu’elle suppose engendrent de facto moins d'espace pour les animaux sauvages, et plus de promiscuité entre les espèces animales et les humains. C’est peut-être un facteur facilitant la transmission de virus. Nos écosystèmes sont bouleversés. Les moustiques, qui véhiculent des maladies dangereuses pour l'homme, peuvent se multiplier et répandre des maladies contagieuses.
La fonte du permafrost due à la pollution représente un réel danger, aujourd’hui. Des virus datant de milliers d'années, comme celui de la grippe espagnole, dorment dans cette glace qui ne devait jamais fondre. Des crises comme celle que nous vivons aujourd'hui, il y en aura d'autres, nous n'en sommes qu'aux prémices.
Sommes-nous prêts ? Rien de moins sûr ! L'OMS estime que quatre facteurs sont à l’origine de la baisse de nos systèmes immunitaires : le stress, la pollution, nos régimes alimentaires inadaptés et la sédentarité. Si nous voulons résister aux futures atteintes de maladies, en plus de tout ce que nous avons créé et qui nous agresse au quotidien, il est temps de mettre en place de nouvelles habitudes.
Le déconfinement ne doit, sous aucun prétexte, être un retour à la normale. L'après-pandémie doit être une opportunité de changer nos modes de fonctionnement. Une transition rapide est tout à fait possible. Pour preuve : le changement si soudain de nos habitudes, pendant le confinement !
Maintenant, il est temps de faire entendre nos volontés communes. C’est aux Français de se rassembler et d'exiger le changement par tous les moyens possibles. Des solutions viables, efficaces et respectueuses existent. Nous n'avons rien à créer, il faut simplement nous organiser et nous donner les moyens de mettre les choses en place. À leur bonne place. »
Lucie Lucas est l’Invitée de Culturesbio n°112, le magazine de Biocoop, distribué gratuitement dans les magasins du réseau, dans la limite des stocks disponibles, ou à télécharger ici.